FECOFOOT : Détournement de la subvention COVID destinée au football féminin ?
Par notre rédaction
La Fédération congolaise de football (FECOFOOT), déjà engluée dans une crise institutionnelle avec le ministère des Sports et suspendue par la FIFA pour ingérence d’un tiers, fait désormais face à des accusations bien plus lourdes : le détournement présumé de fonds alloués par la FIFA dans le cadre de la pandémie de COVID-19, spécifiquement destinés au développement du football féminin.
500 000 dollars… envolés ?
En 2020, alors que le monde sportif était à l’arrêt, la FIFA avait débloqué une aide exceptionnelle de 1,5 million de dollars pour ses associations membres, dans le cadre de son programme de soutien COVID-19. Une enveloppe de 500 000 dollars devait être dédiée exclusivement au développement du football féminin. La FECOFOOT avait officiellement sollicité cette aide pour soutenir les clubs féminins, maintenir les compétitions et encadrer les joueuses durant la crise sanitaire.
Mais selon plusieurs sources internes, ce montant n’aurait jamais atteint ses destinataires. Aucun club féminin n’a confirmé avoir reçu un quelconque soutien financier en provenance de la Fédération durant cette période critique. Des documents administratifs, que nous avons pu consulter, suggèrent au contraire que les fonds auraient été orientés vers d’autres dépenses non justifiées, voire totalement absents des rapports financiers.
Silence radio et opacité

Image crédit Fecofoot
Interrogée à ce sujet, la direction de la FECOFOOT n’a pour l’instant fourni aucune explication claire. Plusieurs tentatives de la part des journalistes et des organisations de la société civile pour obtenir des comptes sont restées lettres mortes. Pire encore, certains membres du comité exécutif auraient été écartés ou poussés à la démission après avoir soulevé des questions sur la gestion de cette aide.
Ce silence alimente les soupçons et relance les accusations de mauvaise gouvernance au sein d’une Fédération déjà fragilisée par des luttes internes. Pour plusieurs observateurs, cette affaire pourrait marquer un tournant : « Ce n’est plus seulement une question de conflits politiques, il s’agit d’un possible scandale financier avec des répercussions internationales », commente un expert en gouvernance sportive sous couvert d’anonymat.
Vers une enquête de la FIFA ?
La FIFA, qui a récemment suspendu la FECOFOOT pour ingérence gouvernementale, pourrait être contrainte d’ouvrir une enquête plus large sur la gestion des fonds COVID. Des cas similaires dans d'autres fédérations africaines ont déjà conduit à des audits et à des sanctions sévères.

Si les soupçons sont confirmés, la FECOFOOT pourrait non seulement faire face à des sanctions sportives supplémentaires, mais aussi à des poursuites judiciaires au niveau national, pour détournement de fonds publics ou blanchiment d’argent.
Le football féminin, grand perdant
Dans cette affaire, les grandes victimes restent les joueuses et les clubs de football féminin, déjà sous-financés et marginalisés. « Cet argent aurait pu changer les choses, au moins un temps. Aujourd’hui, les filles s’entraînent dans des conditions déplorables, sans équipements, sans perspective », déplore la coach d’un club de première division.
Alors que le sport féminin peine à trouver sa place au Congo, cette affaire jette une ombre sur les engagements proclamés par les instances dirigeantes pour son développement. À défaut de justice rapide, c’est une génération entière de jeunes talents féminins qui risque de payer le prix fort.